samedi 25 mars 2017

Danse avec le pompier

Le lendemain de sa première soirée sous les étoiles synthétiques, pas fatigué pour un sou, Teddy va directement à la salle de sport, une salle de gym minimale, réservée au public masculin comme le montre le dieu grec stylisé récupéré sur les paquets-cadeau:


un vieux drap de lin blanc (qui servira à l'avenir de tissu d'essai pour les patrons), quelques feuilles de kraft, un plateau renversé, sont les premiers éléments improvisés de son univers.



Dans ce dépouillement initial, il paraît heureux,


ou plutôt il est la source de mon émerveillement et multiplie les poses de boxeur afin de faire la meilleure impression.



En guise d'hommage, je lui fabrique ses premières chaussettes taillées dans une bande de gaze à pansement. Maladroitement cousues elles ne dureront pas.




Le temps est venu de faire une première rencontre. Il traîne dans mon atelier un pompier à sa taille, très laid de visage et au corps mal articulé.



Teddy ne l'invite à danser que pour lui piquer ses fringues.





Mais, déception, le casque est trop petit pour sa tête. La tête de Teddy retourne dans son dressing; il prête son corps à la troisième tête d'origine arrivée avec les cadeaux de Noël, un joli petit brun qu'on surnommera provisoirement Ned et qui va, avec sa cigarette, figurer le pompier pyromane.




Regardons-y de plus près...






Utilisant le moulin à sel comme l'affût d'un canon, il tente une pose plus séduisante:



Le soir venu, débarrassé de l'essentiel, il trouve sa place sous la lampe-poisson



dans la pose à la Vinci des hôtes inanimés de Westworld. C'est ce soir-là justement que nous regardons de nouveau le dernier épisode de la première saison. Quelle que soit sa tête et son identité flottante, le corps de Teddy entend à plusieurs reprises la phrase de Roméo et Juliette

Ces trop violents plaisirs ont de violentes fins

le code qui déclenche le programme des rêveries et confère aux personnages fabriqués une autonomie d'action dans laquelle il découvrent le sens de leur destinée.


Dès le lendemain, affirmant son indépendance, Ned s'en va gravir la montagne.
A 33 ans, Zarathoustra descendit de sa montagne, seulement vêtu de ses bottes, du T-shirt du pompier et d'un string en cuir de barbare, la tenue idéale pour le trekking.










En effet il est bien joli, mais Teddy, jaloux de son agilité nouvelle, réclame son corps et le cow-boy revient dans la lumière pour de nouvelles aventures.



Dans la plaine aride du jour de l'an qui approche, il est bien décidé à partir à la chasse au lapin en carton.